Accueil / 1945

Il y a 75 ans … mardi le 17 octobre 1944

Combat aérien au-dessus du Rhin

Auteur : Claude FRÖHLE Historien – Istein (Pays de Bade) – 2019
Traduction et photos : Brigitte ZIMMERMANN et Serge GROELLY – Michelbach le Bas – Claude GIRARDI – Kembs

En octobre 1944 un duel aérien a eu lieu dans l’espace aérien de Bartenheim – Istein (RFA) – Mappach (RFA) et Blotzheim au cours duquel plusieurs avions furent abattus entrainant la mort de cinq jeunes pilotes, quatre allemands et un américain.

En automne 1944 les alliés s’étaient octroyé la supériorité aérienne, la population civile souffrait des nombreuses attaques aériennes des chasseurs bombardiers : « Les chasseurs bombardiers ennemis maitrisaient tout l’espace aérien, ils attaquèrent des personnes à la gare d’Efringen-Kirchen et un convoi (militaire) entre Istein et le Klotzen (massif calcaire rocheux fortifié). Le 12 septembre un Adjudant fut tué à la gare d’Efringen-Kirchen par suite des tirs d’un avion ».

Au matin du 17 octobre 1944 plusieurs chasseurs Messerschmitt BF-109 de l’escadre de chasse III./JG76 (Jagdgeschwader 76 Luftwaffe – Wehrmacht) de l’aérodrome de Donaueschingen prennent leur envol pour une mission en Alsace dans le Haut-Rhin. La mission consiste aux destructions de chasseurs bombardiers Jabos (mot dérivé de « Jagd-bomber » en allemand) et des positions de DCA (défense contre l’aviation) ennemis. Les cibles se situent dans un espace situé à environ 60 km à l’ouest de Müllheim, le Lieutenant Hartmann commande le détachement.

Comme cela sera vérifié plus tard, ces cibles n’ont pas été choisies au hasard car exactement deux semaines auparavant, le 3 octobre 1944, un duel aérien eu déjà lieu au même endroit, durant lequel l’escadrille 76 totalisa la destruction d’un avion ennemi mais perdit six de ses propres chasseurs.

Durant ce combat l’adversaire fut l’escadron américain « 406th Fighter Squadron » du « 371st fighter Group » qui était équipé de nouveaux avions type P-47 Thunderbolt pilotés par des aviateurs bien entrainés.

A nouveau ce 17 octobre 1944 le « 406th Fighter Squadron » prend son envol de la base de Dole-Tavaux dans le Jura, sous le commandement du Capitaine Doorly avec pour mission, le bombardement d’un pont de chemin de fer au Nord de Sélestat. Le plafond bas (météo) empêchera l’exécution de cette mission. Quelques temps plus tard le ciel se dégagea et l’escadrille bombarda des voies de chemin de fer au Nord de la voie ferrée d’Altkirch qui se trouva endommagée en trois endroits. Lorsque les sept P-47 américains reprennent de l’altitude, à l’Ouest du Rhin à proximité de Bartenheim, ils tombent sur vingt Messerschmitt BF-109 de la 76ème escadre de chasse.

Dans un premier temps l’escadre allemande pensait avoir rusé l’ennemi mais la sécurité aérienne américaine annonça par radio l’approche par l’Est d’une formation inconnue en tête de laquelle se trouverait un P-47 (!) C’est seulement lorsque cette formation inconnue se trouve à 4000 m d’altitude à l’aplomb des américains que le Capitaine Doorly reconnait « plus de 20 Messerschmitt 109 à croix noire » qui au même moment larguent leurs réservoirs de carburant additionnels et se jettent sur l’adversaire.

Rapport des pertes (humaines) de la 76e escadre de chasse (Jagdgeschwader 76 Luftwaffe) pour la journée du 17 octobre 1944 (Extrait d’archives allemandes)

BF-109 G-14, N° de série 462967, Blanc 8

Lieu de chute : Bois près de Wintersweiler (RFA)
Pilote : Sous – officier – Herbert Koch III. J.G. 76, né le 19. 04. 1922 Chute : 17. 10. 1944,
Cause : Duel aérien, abattu par l’ennemi, non ouverture du parachute

BF-109 G-14, N° série 462985, Jaune 6

Lieu de chute : (du pilote parachutiste) 1 km au Nord de Michelbach le Bas (Alsace)
Pilote : Officier – Heinz Börger III. J.G. 76, né le 17. 12. 1914 Chute : 17. 10. 1944,
Cause : Duel aérien, abattu par un chasseur ennemi, impact au sol (lieu ?)

BF-109 G-14, N° série 462650, bleu 9

Lieu de chute : Limite nord de Neuweg (La Chaussée – Alsace), à 5 km au Nord-Ouest de Bâle Pilote : Adjudant – Ernst Läbe III. J.G. 76, né le 29. 10. 1921 Chute : 17. 10. 1944,
Cause : Duel aérien, abattu par un chasseur ennemi, impact au sol

BF-109 G-14, N° série 462690, bleu 10

Lieu de chute : près de Mappach (RFA), 7 km au Nord-Ouest de Lörrach Pilote : Sous – officier – Helmut Hadde III. J.G. 76, né le 17. 06. 1922 Chute : 17. 10. 1944,
Cause : Duel aérien, abattu par un chasseur ennemi, impact au sol

La concordance de plusieurs témoignages confirme que « près du bois de Wintersweiler » (effectivement dans une forêt près de Hüttingen) l’appareil du sous-officier Herbert Koch s’écrasa sur la colline après qu’il eut réussi à s’extraire de l’avion, toutefois son parachute ne s’ouvrit pas totalement. Plus tard il fut retiré mort, enchevêtré dans un réseau de fils de fer barbelés à proximité de l’actuelle route nationale B3. Le rapport journalier du « 406th Fighter Squadron » confirme les pertes allemandes après que le commandant de la formation, le Capitaine Doorly, eut détruit deux BF-109 et en endommageât deux autres. Le Lieutenant Madore détruisit deux BF-109 au Nord de Bâle et le Lieutenant Smith, pour qui c’était le baptême du feu, en endommageât un autre. Il est à noter que le Lieutenant Springer pour qui c’est également le baptême du feu fut porté disparu.

Le déroulement exact des faits est donné par le Capitaine Doorly (US Air Force) le 18 octobre 1944 dans son rapport journalier.

« 11h50 – Je conduis la formation 406 vers le pont de chemin de fer que nous devions bombarder. Je venais de reprendre de l’altitude lorsque le dernier appareil venait de terminer le bombardement, la sécurité aérienne annonça des « bogies » (1) venant de l’Est à 13000 pieds de hauteur. Il y eut des doutes sur l’identification de cette formation. Le premier appareil de cette formation inconnue serait un P-47. Lorsque les « bogies » sont au-dessus de nous, il s’avère que ce sont plus de vingt Messerschmitt ME-109 avec des croix noires. A ce moment-là les avions ennemis ont largué leurs réservoirs additionnels et piquèrent sur moi. Je me suis tourné vers eux et dirigeais mon appareil de front vers deux ME-109 en pensant attaquer le deuxième appareil. Ensuite j’amorçais une ascension circulaire serrée et en redressant ma trajectoire je me plaçais derrière un premier avion et en dessous de deux autres ME-109. J’ai ensuite remarqué un quatrième ME-109 qui volait parallèlement à 50 yards (2) à ma droite. J’ai accéléré et je me suis placé derrière lui, il entreprit un virage serré et commença à monter lorsque je lâchais une rafale de mitrailleuse de quatre secondes à environ 300 yards. Une explosion dans son moteur laisse échapper de grosses quantités de Glycol. L’appareil tomba à pic en spirale et le pilote a été vu sortant de l’appareil. Je n’ai pas vu le parachute s’ouvrir. Je continuais à prendre de l’altitude et tournais vers deux ME-109 qui venaient du dessus et de derrière. Je fis feu et remarquais mes impacts sur le premier appareil. Un peu plus tard j’ai vu deux autres ME-109 tourner à environ 1000 m de moi. En accélérant à fond je me positionnais derrière eux et fis feu sur l’avion de derrière ce qui engendra des dommages à ses ailes. Je le suivi jusqu’à environ 3000 pieds. Le ME-109 piqua alors à la verticale, en regardant derrière moi je le vis percuter le sol. Je me retrouvais seul, toutes mes munitions épuisées, je retournais à la base. » Signé : DOORLY, Captain, Air Corps

Au retour de la formation américaine à la base de Dole-Tavaux commencent les investigations sur le Lieutenant Springer. Le dernier à l’avoir vu vivant, note dans son rapport :

« … Nous avons foncé de manière frontale sur une formation de ME-109. Dans cette formation ennemie se trouvait un P-47 qui tirait sur le Lt. Springer. Après environ une minute d’affrontement j’ai aperçu un P-47 derrière moi et j’ai crié (à la radio)  » Lt. Springer » pour voir si c’était bien lui, il répondit « Oui ». Après qu’une nouvelle minute se soit écoulée j’ai jeté un rapide coup d’œil vers l’arrière j’ai remarqué qu’il n’était plus là. Je refis un appel radio mais ne reçut aucune réponse. Ceci fut la dernière fois qu’il fut aperçu par un membre de la formation. »
Signé : 1st Lieutenant Charles C. Borden

Des témoins ont vu deux parachutes s’ouvrir à la limite Nord de Bâle. L’un d’eux était celui du Lt. Springer. Il a réussi à ouvrir son parachute mais en raison de sa faible altitude celui-ci ne s’est pas déployé complètement et Springer s’est tué en tombant dans les champs non loin de l’étang du Quackery à Village-Neuf au milieu d’un groupe de militaires allemands à l’entrainement. (3) Des sources d’informations françaises rapportent qu’un pilote allemand également touché à réussi à sauter en parachute. Celui-ci est venu sur le lieu de chute de Springer afin de rendre hommage à son adversaire et afin d’examiner les restes du Thunderbolt. L’identité de ce pilote est inconnue.
Le curé du village fut également appelé sur les lieux, il retire au défunt une décoration qui sera remise à un membre de la famille après la guerre. Le même jour le Lt. Springer est porté en terre au cimetière de Village-Neuf. (4)

L’US Air Force établira un « Missing Air Crew Report (MACR 9650) » où l’on signale comme disparu le 17.10.1944, le P-47 du Lt. Springer portant le N° de série 42 -76522 dans le secteur de Welmingen (RFA) Il est considéré comme MIA (Missed In Action) jusqu’à la date du 10.10.1944 lorsque qu’arrive un télégramme d’Oberursel (près de Francfort). C’est une information émanant d’un Chef-ingénieur de l’aérodrome de Freiburg-en-Brisgau adressé au « Luft transit Camp » d’Oberursel mentionnant « la chute d’un seul P-47 » le 17. 10. 1944 à 12:00 à environ 500 m au Nord de Village-Neuf. Le télégramme stipule que l’appareil est détruit et que le pilote est mort. Dans le dossier de George Springer il est précisé que le 17.10.1944 « seulement un P-47 fut perdu ». Le dossier est finalement clos avec la mention « KIA 17. 10.1944 » (Killed In Action – Mort au combat).

Le Commandement de la Luftwaffe Ouest (Armée de l’air allemande) confirme la chute d’un P-47, le 17.10.1944 vers 12:08. Le Lieutenant Hartmann de la 9./JG76 (escadre de chasse 76) a enregistré la destruction de l’appareil sous les coordonnées 04Est N/FQ 7 (Bâle) à 3000 m de hauteur.
Le lieu de chute près de Hüttingen a quant à lui été interdit d’accès par des unités de la Wehrmacht. La jeunesse du village qui s’était précipitée sur les lieux du crash dû remettre tous les « souvenirs » collectés, l’épave de l’avion fut rapidement retirée des lieux. Des témoignages concordants relatent une trainée lumineuse derrière l’avion et la chute d’un pilote dont le parachute était à demi ouvert.

Les sous-officiers Herbert Koch et Helmut Hadde furent mis en terre, quatre jours plus tard, avec les honneurs militaires, dans une tombe commune au cimetière d’Egringen (RFA). Herbert Koch fut transféré au cimetière de Kehl, la trace d’Helmut Hadde s’est perdue. L’adjudant Ernst Läbe et L’oberfeldwebel Heinz Börger reposent dans la nécropole de Bergheim (Alsace).
Au cimetière de Village-Neuf, à la nuit tombée, des villageois anonymes fleurirent la tombe du Lt. Springer, « le lendemain les allemands nettoyèrent la tombe. Le jour suivant les mêmes faits se produisirent, la tombe fut à nouveau nettoyée et cette fois-ci surveillée par un garde ». (6) Après la guerre (5.03.1946) les autorités américaines transférèrent les restes du Lt. Springer au cimetière de Saint Avold en Lorraine. Depuis 1948 le Lt. Springer repose dans sa terre natale au Kansas (USA).

Lieu de chute Wintersweiler – Hüttingen

Comme le lieu de chute se trouve dans l’emprise de la carrière, les Etablissements Lhoist, étant propriétaires des Lieux, une prospection à la recherche de munitions fut entreprise. Fin janvier 2018 un sondage approfondi effectué par les Ets Ettmannsperger de Karlsruhe permit de mettre à jour les restes de l’appareil et des munitions. Au total environ 250 kg de pièces de l’épave furent retrouvés, elles sont aujourd’hui à Istein chez l’auteur parmi eux des instruments de bord. Entretemps le périmètre d’emprise de la carrière s’est étendu et aujourd’hui plus rien ne rappelle les faits dramatiques du 17. 10. 1944.

(1) Nom en argot américain = objets volants ennemis (2) (100 Yards = 91,44 m) (3) Fr. C. Girardi, Kembs (4) Journal L’ALSACE du 08. 09. 1998, Fr. C. Girardi, Kembs (5) Camp de transit de l’Armée de l’air pour les prisonniers de l’US Air Force (6) Journal L’ALSACE du 08. 09. 1998, Fr. C. Girardi, Kembs

Michelbach-le-Bas

Mardi le 17 octobre 1944 aux environs de midi.

Témoignage oral sur la chute d’un avion de chasse Messerschmitt
et la chute du parachutiste allemand Ofw Bürger Heinz

GOEPFERT FRANCOIS (témoin de l’époque – 9 ans – mardi 17 octobre 1944) raconte :

J’ai vu l’avion s’écraser, j’avais 9 ans.
Plusieurs avions étaient dans le ciel ce jour-là, j’en ai vu tomber 4.
La dame de l’épicerie m’a appelé « Vite François, rentre chez toi, ils tirent » «net as no Ebis passiert ». Elle a dit qu’elle était à Mulhouse le matin même et qu’il y avait déjà des tirs. Je me souviens très bien, il y avait de plus en plus d’avions, près d’une centaine et c’était un combat aérien. Ah ! C’était quelque chose !

Etant gamin, cela me fascinait. Et puis j’ai vu les machines touchées et leur trainée de fumée. Aussitôt, les avions ont pris feu en terminant par un « Perzelbaum » (une pirouette). L’un d’eux a fait un « Perzelbaum » en direction de Neudorf (village-Neuf).

Suivait Immédiatement le deuxième avion qui lui aussi est tombé, celui-là près de notre maison à hauteur du chemin du « Schwartzweg ». Il a tourné 2 ou 3 fois puis a perdu un réservoir qui est tombé dans un pré près du jardin. Voyant les flammes, je voulais m’y précipiter avec un seau d’eau, mais ma mère effrayée m’appela « Francois, wo hoksch denne » (François, où es-tu donc ?) « Ils viennent de larguer une bombe ». Je suis donc rentré, mais pour peu de temps… Il y avait beaucoup de cris. Ce n’était pas une bombe, mais simplement un réservoir à essence, c’était peut-être le réservoir de réserve. Il était au sol près de notre maison dans le jardin d’un paysan du village.

A nouveau dehors, je vis un voisin descendre la route avec le « karst » (Croc à pommes de terre) sur une épaule, il m’a dit : « Je veux aller voir où il est tombé ». Par curiosité et ne voulant rien rater, je suis allé avec lui pour, moi aussi, voir l’avion.
A ce moment-là dans le virage de la rue de Ranspach, nous voyons deux motos venir à nous. Un des deux soldats allemands a demandé « est-ce qu’un avion s’est écrasé ici ? » Charles répondit : « Oui, il y en a un là-haut ! » Le deuxième soldat a répondu « oui c’est ma machine ». Il a également demandé l’emplacement exact. Charles leur indique le chemin, qu’ils ont suivi. Nous deux prenons le raccourci à travers notre cour et le jardin.

Les soldats étant repartis pour préparer l’enlèvement de la machine, certains villageois se sont rendus sur place et récupéraient des objets éparpillés. Par ailleurs, à l’emplacement du réservoir, je vois un voisin s’affairer à récupérer de l’essence. Je me demandais ce qu’il avait en tête. J’y suis allé et il m’a dit : « Va, dit à ton père de ramener une bouteille, c’est de l’essence pour le briquet ». Il a rempli et distribué des bouteilles d’essence aux personnes sur place.

Le « Bammert » (Garde champêtre) a été chargé de surveiller l’épave.
L’épave était profondément enfoncée dans le sol, pas en feu, mais en morceaux. L’une des roues était détachée et fut récupérée par des habitants, elle a été gardée dans le village jusqu’à récemment, de même que d’autres petits morceaux qui n’ont pas tous été conservés au fil des ans.

A Michelbach-le-Bas, un pilote allemand a également trouvé la mort, proche du « Blotzheimerweg » dans une vigne. Il a sauté de l’avion avec son parachute pendant la bataille et est tombé tout près d’un arbre dans la vigne. Une villageoise qui ramassait les noix dans un champs proche, l’a trouvé. Il était déjà mort.

Quelques jours plus tard, je suis allé sur la place avec d’autres enfants du village. En rentrant à la maison avec des cartouches plein les poches de mon pantalon, j’ai été sévèrement réprimandé par mon père, il m’a tout pris et a tout jeté dans les latrines.

Recueil du témoignage fait le 29 avril 2019 par Serge Groelly et Brigitte Zimmermann

Selon d’autres témoignages :

« Le pilote tombé a été conduit au presbytère dans la voiture funéraire avant d’être emmené »
« Nous étions dans la rue et j’ai vu le soldat être transporté dans le Presbytère »
« Les enfants ont été tenus à l’écart du lieu de chute du parachutiste. Plus tard, nous sommes allés à l’endroit de l’accident à la recherche de munitions ou d’autres objets » « Il était tombé à travers le grand cerisier près d’un poteau de vigne »
Un témoin oculaire décrit cette journée comme bruyante et très effrayante.
« Ma mère nous a enfermés dans la cave, nous a mis ma sœur et moi dans le grand panier à linge en osier et nous a ordonné de surtout bien rester là-dedans »
« Il paraît que l’avion était bien enfoncé dans le sol »
« J’avais 13 ans, je suis allé sur le lieu de chute d’un avion allemand, entre Hésingue et Blotzheim. J’ai vu un grand trou, dans lequel était embourbé un moteur noirci dans de l’huile, j’avais ramassé un compas que j’ai ramené à la maison. M’a mère m’a ordonné sur le champ d’aller le remettre en place »
« Le 17, j’étais avec un copain le long de la rivière à Bartenheim. Dans la cour, on a entendu les vrombissements d’avions et d’un coup, il y eut une pluie de douilles. La curiosité nous a fait aller sur la place. On a entendu parler d’un avion qui serait tombé près de l’Oberematten. Personne n’avait le droit d’aller sur place, les allemands avaient barré l’accès. Le pilote était décédé. Un autre pilote Lieutenant FW allemand, est resté accroché dans un arbre au lieu-dit : Kalamonis et a été décroché par le garde forestier pour rejoindre la mairie de Bartenheim. Il était furieux et aurait dit „das ist das dritte Mal, aber wenn ich wieder ein Flugzeug bekomme steige ich wieder ein“ (C’est la 3ème fois, mais si je reçois une nouvelle machine je remonterai dedans) puis il est reparti sur la moto du garde forestier. (Il est maintenant évident que ce pilote a rejoint son avion tombé à Michelbach-le-Bas, sur la moto avec le garde forestier et un autre soldat motorisé).
« J’habitais avec mes parents dans la gare à Muespach. J’étais dans ma chambre et j’ai assisté à ce combat. C’était impressionnant et avec le soleil, on voyait même les étincelles des tirs sur les avions. Tout le monde criait qu’il fallait rentrer, ils vont tirer sur nous ! J’avais piqué les jumelles à mon père et continuait à suivre ce combat. Je voyais des « champignons blancs » (parachutes) qui tombaient et de temps en temps on en voyait qui accélérait moteur à fond avant de s’écraser au sol dans un panache de fumée. »

« J’avais 10 ans, j’habitais Village-neuf. Il y avait du soleil. On entendait les moteurs vrombir, puis j’ai vu l’escadrille aller vers l’Allemagne puis une escadrille allemande venir vers nous. Ils ont combattu dans un vacarme de tirs et de bruit de moteur. J’ai aussi vu un parachutiste et un avion tomber. Un autre avion américain était touché et trainait un gros nuage noir, il se dirigeait vers notre maison. Nous avions très peur qu’il s’écrase sur notre maison mais il a pu poursuivre jusqu’au bout du village. Je crois bien qu’il s’est sacrifié pour épargner le maximum d’habitants. Il a sauté, mais trop près du sol. Il aurait peut-être pu sauter bien avant, mais l’avion se serait écrasé sur la population. L’avion est tombé près d’une maison sur une dépendance, laquelle a brûlé et le pauvre bouc qui était à l’intérieur aussi. J’ai vu les restes de l’avion. Il y avait des croix gammées marquées sur la carcasse (trophées ?) J’avais été sur place et les soldats allemands ont fumé les cigarettes « Chesterfield » trouvées et ont a également pris les bottines fourrées du pilote.

Témoins oraux : Schicklin Raymond – Goepfert Bernard – Goepfert François – Ginglinger Hélène – Monsieur Spéry de Bartenheim – Spiesser Claude et Runser André de Village-Neuf – Schneider André de Kingersheim – Recueillis en 2019 par Serge Groelly et Brigitte Zimmermann

Messerschmitt Bf 109

Moteur Daimler-Benz 604 A1 de 1 475 cv
Vitesse maximale : 653 km/h à 8 700 m
Vitesse ascensionnelle : 1 000 m/min
Plafond pratique : 11 600 m
Rayon d’action : 700 km
Masse à vide : 1 900 kg
Masse en charge : 2 667 kg à 2 800 kg
Envergure : 9,92 m
Longueur : 9,04 m
Hauteur : 2,59 m
Armement : 1 canon de 20 mm tirant à travers le moyeu d’hélice et 2 mitrailleuses MG131 de 13 mm sur le capot

Republic P-47 Thunderbolt

Moteur Pratt & Whitney R-2800-59 de 2 300 cv
Envergure : 12.31 m
Longueur : 11.02 m
Hauteur : 4.32 m
Surface alaire : 28.61 m²
Masse en charge : 8800 kg
Vitesse maximale : 690 km/h
Plafond pratique : 12800 m
Distance franchissable : 2735 km
Armement : 8 mitrailleuses de 12.7 mm –
2 bombes de 450 kg – 10 roquettes

Bergheim – Cimetière militaire Allemand – Le Grasberg

Au-dessus des toits de la ville de Bergheim (à 20km au nord de Colmar) se situe Le Grasberg où reposent 5 308 soldats allemands morts pendant la deuxième guerre mondiale dont les tombes étaient dispersées dans plus de 225 communes du département du Haut-Rhin. Le regroupement des tombes dans le sud de l’Alsace commença en 1970.

Rapport des pertes – extrait d’archives allemandes

Soldat allemand, retrouvé dans les vignes à Michelbach-le-bas avec son parachute.
Börger, Heinz grade : Ofw – né le 17. 12. 1914 à Krefeld
11 / JG-76 Bf 109G-14 Werk # 462985 « Yellow 6 » (Identique à l’illustration)
(Perdu le 17/10/44) Combat aérien contre un P-47,
Touché par l‘ennemi, a sauté en parachute à 1 km
au nord de « Niedermichelbach – ELSASS »
Inhumé au cimetière militaire allemand de Bergheim

Soldat allemand et avion retrouvés aux environs de Neuweg – La Chaussée – Saint-Louis

Läbe, Ernst grade : Fw – né le 29. 10. 1921
12 / JG-76 Bf 109G-14 Werk # 462650 « Blue 9 »
(Identique à l’illustration)
Perdu le 17/10/44
Combat aérien contre un P-47,
Touché par l‘ennemi, Chute : 5km au Nord-ouest de Basel sur le ban de la commune de Neuweg (La Chaussée) Elsass